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Le tien ne l est pas moins, oh! non, j en suis bien sure.
L araigne coutait. Soudain
Elle lui fit une morsure
Et dit :
J ai faim!
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La faim est la complice
De beaucoup de forfaits;
Elle fait taire la justice
Et fait oublier les bienfaits.
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Anthologie de la fable au Qubec
La lutte pour le sceptre chez les animaux
Un jour les animaux sauvages,
Voulant imiter les humains
Dans leurs politiques desseins,
S assemblrent sur les rivages
D un fleuve profond,
Au pied d un rocher solitaire
O l aigle avait bti son aire,
Afin de discuter fond
S il tait opportun d lire pour la vie,
Ou pour un terme seulement,
Non pas un roi, cela vraiment
Sent trop la tyrannie,
Mais un bon Prsident
Qu on traite comme un hte,
Que l on met, que l on te
Avec un zle ardent.
On s entendit tout de suite :
Le prsident lu
Resterait prsident durant bonne conduite.
Le dcret fut lu,
Et chacun l approuva sur l heure sa manire.
Qui sera chef? dit l ours sorti de sa tanire
Avec l espoir au coeur.
Ce sera le vainqueur
Dans une joute,
Et sans doute,
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Anthologie de la fable au Qubec
Sire, ce sera vous, dit le renard malin.
Mais qu allons-nous tenter? quel combat? quelle lutte?
Sera-ce le plus fort, sera-ce le plus fin
Qui rgnera sur nous aprs cette dispute?
Reprit le loup-cervier.
Que se soit le premier
Qui touchera la rive,
Dit d une voix craintive
Le timide castor.
Tu ne penses qu toi, malheureux amphibie!
Renonce ta lubie;
Pour cette course-l tu peux attendre encor,
Rplique durement une mchante hyne.
Pas de gne;
Que chacun, mes amis, s exprime sa faon :
Il faut donner l homme une bonne leon,
Dit un grand orignal en branlant sa ramure.
Un long murmure
Accueillit ce discours en trois ou quatre mots.
Les prtendants allaient se montrer aussi sots
Que les hommes eux-mmes
En ne s entendant point sur l objet du combat,
Et le dbat
Commenait traner en des longueurs extrmes,
Quand un aigle orgueilleux,
Ouvrant ses larges ailes,
Du haut du rocher sourcilleux
Les plaisanta sur leurs querelles.
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Anthologie de la fable au Qubec
Nous sommes bafous par cet impertinent,
Dit un jeune lion, secouant sa crinire,
Vengeons-nous donc incontinent
En allant le chasser de sa retraite altire,
Et le premier rendu,
Que ce soit entendu,
Sur mon front anobli mettra le diadme.
Aussitt dit aussitt accept.
Chacun voulant saisir l autorit suprme,
S lance avec imptuosit
l assaut de la cte
Abrupte et haute.
Mais que de vains efforts! que d efforts malheureux!
Les pieds et les genoux des plus aventureux
Se dchirent sans cesse aux angles de la roche;
Au moment qu il approche,
Hlas! plus d un hros
Tombe et se rompt les os.
Cependant un serpent se glisse avec prudence
Parmi la mousse dense
Et dans les fentes du rocher;
Il passe travers les fascines,
Il russit s accrocher
Aux rameaux, aux racines,
Arrive le premier sur les pres sommets,
Et, pour se mettre en rgle,
Jette le nid de l aigle
Sur ses nouveaux sujets.
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Anthologie de la fable au Qubec
Citoyens la forte trempe
Qui voulez noblement atteindre le pouvoir,
Faites place l homme qui rampe
Et monte sans se faire voir!
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Anthologie de la fable au Qubec
L aigle et le serpent
Un serpent je ne sais trop de quelle famille,
Mais un ambitieux;
On sait qu il en fourmille,
Un serpent, dis-je, dj vieux,
Voulut sortir enfin de son marais immonde
Et grimper sur les rocs o nichent les aiglons.
Nous allons, se dit-il, tonner tout le monde
Et montrer ce que nous valons.
En roulant ces pensers dans son esprit de bte,
Il atteignit l arte
Du rocher.
L aigle, qui le vit approcher,
Craignit pour sa progniture
Et se mit l me la torture
Pour trouver le moyen d viter un malheur.
Avec les vaniteux il est bon de se taire
Ou de vanter bien haut leur menteuse valeur;
L aigle salua jusqu terre :
Je ne puis revenir de mon tonnement,
Dit-il. Monter ici sans ailes, quel mystre!
Je voudrais voir le loup, le lion, la panthre
Gravir ainsi que vous cet pre escarpement;
Ils en sont incapables;
Ils se vantent, pourtant, de rgner tous sur vous.
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Anthologie de la fable au Qubec
Sur moi? Vous voyez qu ils sont fous
Autant qu ils sont coupables.
C est vrai, rpondit l aigle avec un air soumis.
Tenez! les voyez-vous, ajouta-t-il encore,
Ces lches ennemis
Qu autant que vous j abhore?
Ils font, dans leur courroux,
Contre vous alliance,
Car de votre vaillance,
Ils sont jaloux.
Peut-tre pourront-ils, aprs assez de peines,
Arriver jusqu ici,
Mais pour monter plus haut leurs forces seraient vaines
Et leur courage, vain aussi.
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